Dans cette rubrique nous allons rencontrer des mamans extraordinaires, qui, pour des raisons différentes, nous émerveillent, elles nous inspirent. Points en commun : elles ont réussi à réaliser leur rêve, et sont des mamans comblées.

Pour le premier portrait de Perfect Modern Mum, nous avons rencontré Isabella, maman, guitariste, musicologue et entrepreneuse Italienne basée à New York.

Isabella, 40 ans, musicienne, entrepreneuse, et maman

Lanciano, Abruzzes, Italie.

Au fond de l’Auditorium Diocleziano une toute petite dame, gracieuse et menue, dirige avec énergie et détermination des élèves de l’«International Guitar Seminar» pendant leurs répétitions pour le spectacle final du soir. C’est Isabella Abbonizio, 40 ans, italienne, maman de Paolo (4 ans) et Daniel (2 ans), des véritables mascottes qui tourbillonnent tout au long de la salle. Guitariste classique et musicologue (elle a un Doctorat en musicologie), Isabella porte désormais plusieurs casquettes. En 2010, elle quitte l’Italie et s’installe à New York pour suivre son actuel mari, et se réinvente, en créant son univers. Après sa première grossesse, elle fonde Dal Maestro, son école de musique, et quelques mois après, elle crée le « Lanciano Guitar Seminar », un séminaire international de guitare de haut niveau qui a lieu tous les étés dans la belle ville des Abruzzes.

PMM.Pourrais-tu nous parler brièvement ton parcours ? Pourquoi New York ?

“Je me suis installée à New York en Novembre 2011, juste quelques mois après l’obtention de mon doctorat de recherche en musicologie à l’Université de Rome. Cela a été une occasion soudaine, qui s’est presentée sans aucune planification. Je n’avais jamais étée particulièrement attirée par les Etats Unis, je préferais l’Europe, Paris en particulier, où j’avais déjà réfusé une offre de doctorat, pour des raisons de famille. Mon mari avait réçu une proposition de prestige à l’IBM Watson de NYC, et moi j’ai décidé de le suivre, laissant un travail et une carrière à l’Université qui venait de commencer. C’étaient les années de la crise économique et nous avions déjà commencé à regarder autour de nous pour trouver un lieu alternatif à l’Italie où s’installer et vivre heureux. Nous avions déjà vecu au Canada, à Vancouver, pour une courte période, et l’idée d’explorer de nouveaux horizons ne nous faisait pas peur, au contraire, elle nous enthousiasmait.”

PMM.Isabella, ton premier enfant et ta première entreprise quelque mois après. Quelles sont les raisons qui t’ont mené à devenir entrepreneuse ? Et comment as-tu fait ?

Mon premier enfant, Paolo, est né deux ans après notre départ aux US, dans un contexte à vrai dire peu ordinaire. Alfio et moi avions décidé que notre premier enfant mériterait plus d’énergies et de concentration de celles que nous aurions pu lui consacrer dans le tourbillon, certes dynamique, mais chaotique de la Grande Pomme, et les circonstances nous ont permis de nous installer à Honolulu, dans les paradisiaques îles Hawaiienne. Une expérience inoubliable qui nous a permis de nous ressourcer et de nous concentrer sur nos futurs projets. C’est dans les eaux du Waikiki, où je nageais tous les jours avec mon gros ventre, que l’idée de créer DalMaestro est née. Cela représentait l’évolution naturelle de mon activité précédente d’enseignante, ainsi que la réalisation d’un projet à long terme : celui de créer une institution musicale rien qu’à moi.

PMM.Comment ton entourage a-t-il réagi par rapport à cette décision ? As-tu reçu des encouragements ? Ou, au contraire, des jugements ? Est-ce qu’il t’arrive d’être un peu perdue parfois ?

Mon mari et ma famille m’ont beaucoup encouragé au début de mes démarches, mais le chemin a été très dur, car j’ai dû prendre en charge toute seule tous les aspects opérationnels qui vont avec la création d’entreprise, du site web à la gestion administrative, étudier et explorer toutes les possibilités que j’avais en face de moi de façon très méticuleuse et détaillée. Souvent, je me suis sentie seule et je me suis perdue mais j’ai tout de même réussi à garder la motivation et la détermination pour avancer.

PMM. Ta première difficulté, avec un tout petit bébé ?

Avec un petit bébé à la maison le temps et la concentration sont une chimère. L’énergie physique, elle est aussi impactée, et il est facile de se sentir vite débordée, épuisée dans la journée. Heureusement Paolo dormait assez bien et a été plus ou moins un enfant sage. Toutefois, pendant les premiers mois après l’accouchement j’ai contracté une terrible tendinite, que j’ai ensuite découvert être assez répandue parmi les mamans à leur première expérience de maternité. Cela m’a empêché de jouer de la guitare pendant un an. Souvent, je me suis sentie frustrée pour ne pas avoir pu faire grandir mon entreprise plus rapidement parce-que je ne pouvais pas y investir tout le temps que cette activité aurait nécessité. Certaines femmes entrepreneuses peuvent compter sur le total support de leurs conjoints qui décident de rester à la maison avec leurs enfants, et, je ne suis pas sûre que cela soit le meilleur choix, mais cela n’était certainement pas mon cas.

PMM. Après Paolo, Daniel. Comment tu gères le temps avec tes enfants ? Quel mode de garde ?

Paolo et Daniel vont à l’école maternelle tous les jours à temps plein, et ils ont une nanny qui s’occupe d’eux en première partie de soirée jusqu’à ce que l’on rentre à la maison. Tous les deux ont commencé la crèche à l’âge d’un an, avant ils étaient à la maison avec moi et leur nanny. Malheureusement, pendant la semaine nous partageons peu de temps avec eux mais lorsque nous sommes tous ensemble, c’est un grand moment de joie.

PMM. …et c’est comment être maman à New York ?

Ah ! Une très belle question ! La réponse est… : c’est hyper-dur !!! C’est une ville très difficile et tout est très cher, le temps est de l’argent pour tout le monde…mais la qualité des services est très élevée et, en ayant la possibilité, on peut y trouver tout ce que l’on cherche…

PMM. Quelle est la difficulté principale que tu rencontres actuellement dans la gestion du rôle de maman et d’entrepreneuse ?

Je pense que la principale difficulté est, en premier lieu, la relation avec les enfants. Il m’arrive d’être fatiguée le soir, et de ne pas avoir encore suffisamment d’énergie pour eux. Je suis souvent critique avec moi-même, je voudrais dédier plus de temps à la famille, en même temps je sais que si je ne reste pas suffisamment focalisée sur le travail, je peux me retrouver à devoir renoncer à de bonnes opportunités.

PMM.De quoi est-tu particulièrement fière ?

Je suis fière d’avoir réussi à créer une famille, d’avoir deux enfants merveilleux et heureux, et en même temps de pouvoir réaliser mes projets professionnels : une école qui continue à grandir et qui reste ouverte à de nouveaux projets de développement, mon festival de guitare, étudier et jouer, poursuivre mon travail académique avec des publications et des interventions universitaires.

PMM.En tant qu’organisatrice du séminaire, tu es très prise, ta famille te suit alors que théoriquement c’est les vacances. Comment tu expliques cela à tes enfants ?

Cet été nous avons décidé de séparer nos enfants pour quelques jours : l’un est parti en vacances avec mon mari, l’autre est avec ma maman. Pendant ces jours, très intenses du Lanciano Guitar Festival, quand je rentre le soir, même si je suis très fatiguée et que j’ai encore du travail, je passe du temps avec lui, j’essaye de l’impliquer dans tout ce que je fais et de lui présenter mon entourage professionnel. Il s’amuse avec les participants et avec les professeurs, qui, au fil des années, le voient grandir et il assiste volontiers aux concerts.

PMM.Pour toi, être maman en trois mots.

Magique, épuisant, redynamisant !

PMM.Ton prochain rêve ?

Voir mon école grandir de plus en plus, pouvoir recruter du personnel et avoir la possibilité de m’occuper uniquement des aspects décisionnels, dégager davantage de temps pour l’étude de l’instrument et les concerts. Tout cela en étant maman et épouse! 

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